Du lourd et significatif. Ce n’est hélas pas du canardage pour le plaisir, mais ce que nous renvoie la presse d’une semaine au pic de l’été, au-delà des cocoricos médiatiques.
Voilà une nouvelle qu’elle est bonne ! (lien cliquable) La loi de transition énergétique votée mercredi dernier satisfait « les professionnels de l’ensemble des filières EnR », enfin ceux qui s’expriment à travers le SER, syndicat des énergies renouvelables, qui regroupe notamment et en premier lieu les filiales des grands groupes énergétiques français (EDF, Engie, Alstom, Areva, etc…), qui ont en effet tout lieu de se féliciter de cette loi qui leur fait la part belle, puisqu’ils gagnent sur tous les tableaux : on préserve leur « petit » business nucléaire, et on leur facilite grandement la conduite des projets EnR qui leur sont réservés (comme les projets offshore), grâce à une honteuse simplification des procédures. C’est pile je gagne, et face, tu perds. Ce média très dépendant de leur publicité donne comme toujours une info sérieusement biaisée.
Voici en revanche une info sur laquelle les médias stipendiés sont beaucoup plus taiseux : (lien cliquable) Le fameux « Grand Carénage », la cure de jouvence de nos réacteurs nucléaires, qui devrait leur permettre de faire 10 à 20 ans de plus (?), semble tourner au grand bidonnage. Les choses ne se passent pas comme dans les rêves des ingénieurs, pourtant les meilleurs du monde, que la terre entière nous envie. Alors, bien sûr, c’est le premier, mais tout est bien engagé, notamment auprès des fournisseurs… japonais, qui approvisionnent les principaux éléments. Comme pour l’EPR, sans doute, le douxième sera parfait, et trois ou quatre fois plus cher qu’annoncé au départ. Mais je vois tout en noir : remarquez que c’est moins grave que de le voir un jour en fusion et en étincelles…
Un député qui a bien mérité de l’EDF et du nucléaire : (lien cliquable) François Brottes, architecte et porteur de tout le système législatif relatif à l’électricité, sa production, son transport et son marché. Il a posé sa patte sur nombre de textes très alambiqués, qui permettent à la fois de donner l’impression que l’on « ouvre », conformément aux directives européennes, tout en préservant l’idéologie de la loi de 1946 et la prédominance du nucléaire et des grands groupes énergétiques. Mais c’est un « fin psychologue » (de formation), et il a bien mérité une petite récompense. Son prédécesseur de l’autre bord en matière de défense du « modèle » énergétique français, Patrick Ollier, avait eu un portefeuille ministériel, ce qui n’avait pas fait de vagues. Lui va succéder à un polytechnicien/corps de mines qui prend sa retraite. Il n’est pas sûr, finalement, qu’on perde au change, mais il semble que cela grince ici ou là.
Vous allez peut-être trouver que je m’acharne, mais c’est vraiment le reflet des articles réellement informatifs que j’ai récoltés cette semaine : (lien cliquable) on apprend que, en plus de la CGT, qui a, pendant des décennies, véritablment cogéré la grande EDF (c’était un des objectifs de la loi de 1946), c’est un véritable gourou qui a eu l’oreille de presque tous les dirigeants du groupe EDF, un tireur de ficelles qui avait su se rendre indispensable au sens littéral. Cela dure(durait?) depuis le fameux Paul Delouvrier, il y a cinquante ans, l’homme qui trouve que rejeter du Plutonium dans la Loire n’est pas grave. Pas étonnant que ce système soit complètement conformé et ne sache réagir aux évolutions du monde extérieur qu’en cherchant des défenses pour se maintenir tel quel.
L’avis d’un expert germano-anglais sur la loi de transition énergétique. (lien cliquable) Une analyse qui rejoint totalement celles que nous avons pu donner en son temps dans la newsletter : cette loi comporte des incohérences notables de chiffres qui permettent d’aller dans le sens du status quo. Comme le dit Craig Morris : « Tout, dans cette loi, est improbable », et il conclut : « d’une manière générale, il est simplement trop tôt pour dire si la nouvelle loi française marque un réel changement de direction ou si elle n’est simplement que des mesures cosmétiques (window dressing) dans la perspective de la prochaine conférence sur le climat que Paris va accueillir. » On ne saurait hélas mieux dire, et nous ouvrons les paris.