Beaucoup de mises en perspective, qui permettent de relativiser certaines tendances, mais aussi qui incitent à bien de la prudence dans les décisions et les choix, sachant que beaucoup sont irréversibles à court et moyen termes : une centrale nucléaire engage pour des dizaines d’années (quatre ou cinq au moins), un système de chauffage pour vingt à trente ans, avec toutes les contraintes et conséquences qui s’ensuivent.
La quadrature du cercle résolue par l’idéologie ? (lien cliquable) Vous y croyez ? C’est pourtant la pirouette indéfiniment répétée par les gouvernements successifs : il s’agit de masquer encore et toujours le vrai prix de l’électricité vendue par EDF, alors que les coûts grimpent rudement, et n’ont pas fini de le faire. Chaque ministre triche sur les prix en espérant refiler la patate chaude à son successeur, ce qui en dit long, au passage, sur l’idée qu’ils se font de leur propre longévité.
Le marché du granulé de bois se rapproche de plus en plus du modèle de ceux du pétrole ou des céréales. (lien cliquable) Certains vont s’en réjouir, notamment tous ceux qui sont dans le négoce ou qui spéculent sur les matières premières. Sans doute est-ce une fatalité dans notre monde globalisé, mais l’expérience montre que ce n’est certainement une bonne affaire ni pour les petits producteurs, ni pour les consommateurs, ni pour les démarches locales.
Le nucléaire complètement dépassé par les énergies renouvelables dans le monde. (lien cliquable) La part du nucléaire dans les investissements de production électrique ne cesse de baisser, et baisse même en valeur absolue. Elle représente maintenant beaucoup moins de 10% des sommes consacrées aux renouvelables dans le monde. Même le pays qui aujourd’hui investit le plus dans le nucléaire, la Chine, a consacré en 2014 9 milliards de dollars au nucléaire, mais 83 milliards à l’éolien et au photovoltaïque. Alors, bien sûr, plus que jamais, la France fait exception, bloquée par la part énorme du nucléaire dans sa production électrique. Ceci au moment où, partout, les coûts de l’électricité renouvelable passent largement en dessous de ceux de l’électricité nucléaire.
La transition énergétique ne se résume pas à la seule question de la production électrique. (lien cliquable) On pourrait facilement l’oublier, mais l’électricité ne représente aujourd’hui que moins du quart de l’énergie finale consommée dans le monde. Tout le domaine des transports lui échappe notamment, et c’est le pétrole qui s’y taille la part du lion, responsable par là du quart des émissions de gaz à effet de serre. Comment le remplacera-t-on, et est-il bien raisonnable de désinvestir le secteur ferroviaire au profit du transport routier, comme nous le faisons actuellement, notamment pour le fret, faute d’avoir le courage de réformer un mammouth qui court au suicide, la SNCF, et de prendre en compte les coûts réels (incluant les « gratuités ») des diverses solutions en concurrence ? Après EDF/AREVA, attendons-nous à d’autres désastres socio-économiques d’ampleur.
Selon une étude allemande (Fraunhofer IWES), les centrales nucléaires françaises les plus récentes seraient compatibles avec les énergies renouvelables intermittentes. (lien cliquable) Ce qui permettrait de monter jusqu’à 40% d’énergies renouvelables, en utilisant, bien sûr, la flexibilité offerte par les centrales hydrauliques à stockage (barrage réservoir). Nous renvoyons à cette étude assez détaillée, qui prescrit aussi le changement indispensable de logique de pilotage du système de production. Ce serait plutôt une bonne nouvelle, si les responsables de la politique électrique de la France ne se jetaient pas à corps perdu dans un renouvellement forcené de l’outil nucléaire pour assurer le maintien de son potentiel, mais profitaient de la fermeture des centrales les plus anciennes pour, progressivement, augmenter réellement le potentiel de production d’origine renouvelable.