Une fois de plus, dans les articles « français », la stratégie énergétique nationale est sur la sellette. Finirons-nous par (re)venir à un peu de réalisme et un peu moins de dogmatisme (intéressé) ? La mobilisation de la population locale reste un des leviers les plus efficaces pour y parvenir, comme le montrent tant d’exemples étrangers, mais c’est long.
Quand EDF publie ses études françaises… en anglais, (lien cliquable) et sans tambour ni trompette. Encore une « exception française » : il est vrai que le sujet est chaud. Cette étude examine comment pourrait fonctionner le système électrique européen avec 60% de renouvelables. Sujet tabou en France, manifestement, et ce sont des sites étrangers qui nous révèlent l’existence de ce rapport. (lien cliquable) Je ne l’ai pas étudié en détail, mais il se fait accrocher par Craig Morris, qui note en particulier les divergences avec l’étude allemande Kombikraftwerk dont nous avons longuement parlé l’année dernière. Attention, le ridicule finira peut-être par tuer de nouveau, quand les réalisations de nos voisins démonteront clairement l’échafaudage de bobards, « certifiés par nos ingénieurs qui sont les meilleurs du monde », qui, sous le couvert de l’idéologie intangible issue de la Résistance (la loi de 1946 reprise sans relâche depuis 70 ans), sert aujourd’hui de doctrine à notre personnel politique, à notre administration et à notre électricien « national ».
Remarquez, il n’y a pas qu’en France que le bobard officiel a cours : (lien cliquable) Les Japonaises semblent en avoir pris une conscience aiguë. Il est vrai que leur pays est de ceux qui ont le plus souffert dans leur chair du délire nucléaire sous toutes ses formes. Elles s’organisent donc dans un mouvement de fond contre le gouvernement de Shinzo Abe qui entend redémarrer plusieurs centrales nucléaires et conserver à l’atome une place dans le mix énergétique du Japon. A suivre.
Le secteur éolien voudrait bien [veut] accélérer ses implantations en France. (lien cliquable) En fait, c’est un ensemble d’entreprises, grandes et petites, regroupées au sein de FEE (France énergie éolienne), fédération qui a plus ou moins quitté le SER, syndicat des énergies renouvelables, où est resté EDF-EN (EDF énergies nouvelles),et qui, lui, s’occupe surtout des intérêts des gros acteurs. Bien sûr, il est indispensable de développer l’éolien en France, avant tout sur terre, pour éviter l’impasse énergétique qui s’annonce. les entreprises de la FEE voient surtout là un énorme potentiel de profits, sur terre comme en mer : ils ne sont pas trop regardants. Le profit n’est pas, en soi, une chose condamnable, et aucune entreprise ne peut vivre sans profit. Mais ils ont à faire face à deux obstacles majeurs : l’hostilité déclarée et active de la classe politique et de l’administration, dans leur ensemble, qui multiplient les obstacles – pour le bien du peuple sans défense, bien sûr – au développement de l’éolien terrestre, avec le soutien des grands médias aux ordres – dans le total respect des règles déontologiques, bien sûr. Et l’hostilité assez générale des populations, soit remontées par les médias et les collectifs ad hoc (Vent de colère et autres FED), soit au contraire conscientes de l’importance de l’éolien terrestre et désireuses de participer à son développement, ce qui implique au moins un partage, mais qui facilite aussi bien les choses sur le terrain, comme le montrent les exemples de nos voisins européens.
Quand le journal « les échos » découvre l’Amérique (et aussi l’Australie, et l’Espagne, et l’Allemagne) ! (lien cliquable) Et oui, il y a des pays où le photovoltaïque n’a plus besoin de subventions, y compris pour des installations chez les particuliers ! Même que, au contraire, on veut le taxer, comme en Australie et en Espagne. En France, on s’en approche pour les très grosses installations, qui bénéficient encore de prix négociés dans le cadre des appels d’offres. Mais pourquoi pas plus ? C’est très simple, répétons-le une fois de plus : le prix de l’électricité est encore maintenu artificiellement bas, grâce à la fiscalisation d’une partie des coûts (payés par l’impôt et non par les factures) ; et les panneaux et composants des installations PV font l’objet de taxes quand ils viennent des pays les plus compétitifs, de Chine notamment, pour « protéger » les industriels européens qui sont complètement à coté de la plaque. En fait, il serait mal que les Français se mettent à installer du photovoltaïque partout, et aient l’idée d’autoconsommer. Qu’en serait-il alors des principes issus de la Résistance, fondements de notre système électrique français ?
Hydrolien : voilà qui n’augure rien de bon. (lien cliquable) Un professeur en économie de l’énergie de la prestigieuse université d’Oxford est parti en guerre contre les coûts exorbitants des projets hydroliens en Grande-Bretagne, notamment celui de la baie de Swansea, où il s’agit d’installer 120 hydroliennes pour récupérer les courants de marée. Le coût s’établirait, sur le papier, à environ 4 Euros/W installé, ce qui, selon Dieter Helm, « ferait passer l’éolien offshore pour une technologie bon marché ». Il est vrai que nos côtes bretonnes et normandes sont toutes bruissantes des nombreux projets hydroliens qui y prennent forme, d’Ouessant au raz Blanchard, mais on ne trouve guère d’éléments économiques : c’est de l’expérimentation ! On ne peut manquer de penser à l’éolien offshore, dont le prix, pour le consommateur français, est resté soigneusement caché : deux fois plus cher que l’EPR, trois fois plus cher que l’éolien terrestre.