Nous prenons aujourd’hui de la hauteur, et c’est tant mieux, même si ce n’est pas vraiment gagné. Je prie les nombreux lecteurs qui m’ont écrit cette semaine de prendre patience : notre voyage en Brisgau, de Schönau à Freiamt, m’a bien occupé, et j’en rendrai compte dans les prochaines lettres. Beaucoup de leçons que nous donnent ces petits territoires allemands, et même un alsacien. Et nous en avons ramené une pétition contre le subventionnement du nucléaire, (lien cliquable) que je vous recommande.
Corinne Lepage a remis son rapport à Ségolène Royale. (lien cliquable) La mission a été menée rondement. Elle insiste sur l’urgence de passer de l’ancien monde, celui du centralisme pyramidal, des énergies fossiles et fissiles concentrées etc., au nouveau monde, celui de l’initiative locale, des circuits courts et des énergies renouvelables pour tous : vaste programme ! (comme disait le brigadier). L’écueil principal est la résistance des tenants de l’ancien monde, et le défi, ce n’est pas tant la transition énergétique ou écologique, sujet techniquement maîtrisé, mais la résistance de l’ancien monde : comment faire passer tous ses acteurs vers le nouveau monde, sachant que, si beaucoup s’y retrouveront sans trop de peine, les pouvoirs seront certainement quelque peu redistribués. Mais le mouvement est mondial, nous n’y échapperons pas et le plus tard sera le pire. C’est ce que nous défendons depuis des années. Notons le clin d’oeil donné au Mené (devenu Mouvement des Entreprises pour la Nouvelle Economie) : un astucieux détournement que nous imaginons délibéré et espérons porteur de l’enthousiasme qui anime notre territoire breton.
Après C. Lepage, c’est… le Pape François… (lien cliquable) qui a publié (un peu fuitée), ce lundi, la première encyclique écologique de l’histoire. Honnêtement, je n’ai pas eu le temps d’y entrer vraiment : il n’y a pas d' »executive summary »… Il part de Saint François d’Assise, au XIIe – XIIIe siècles, pour passer directement aux papes modernes, depuis 1963, et il semble qu’on arrive vite aux émissions de gaz à effet de serre, dès le premier chapitre (p.18, § 20). Dès que le texte sera disponible en français, il y aura certainement beaucoup de commentaires. C’est vrai qu’on passe aujourd’hui plus de temps sur la terre que dans les siècles de l’obscurantisme, quand le progrès n’avait pas fait son œuvre : l’Eglise se préoccupait alors plus de l’au-delà… Pour les parties de sciences d’ici bas, c’est le professeur Hans Schellnhuber, fondateur et directeur de l’Institut de Postdam pour la recherche sur l’impact climat, qui a largement contribué. Il est également conseiller spécial de la chancelière Angela Merkel.
Retour sur le chauffage au bois. (lien cliquable) Une très intéressante étude qui démontre l’absurdité totale, économique, et surtout écologique, de produire de l’électricité et de la chaleur en Angleterre avec des pellets de bois importés d’Amérique. Le bilan carbone est 2,5 à 3 fois plus mauvais que celui… du charbon. Que dire des installations qui non seulement produisent de l’électricité avec du bois importé, mais ne récupèrent même pas la chaleur, comme le mirifique projet de Gardanne ? C’est vraiment l’ancien monde qui pourrit le nouveau qui essaie de naître : la démagogie et le clientélisme. Mais disparaîtront-ils jamais ?
Comme il faut que je respecte mon quota d’articles en français, (lien cliquable) « réjouissons-nous », comme semble le faire Jean-Michel Bezat, de ce que notre canard boiteux national, Areva, semble susciter l’intérêt de gros faiseurs asiatiques, pressés d’y prendre pied à bon compte pour aller « inonder » le marché asiatique. C’est le nouveau monde en marche ! Que ne ferait-on pas pour la sauvegarde de l’emploi (air connu).
Enfin, une preuve que les énergies renouvelables, ce n’est pas que bien : (lien cliquable) en Allemagne, les vols de panneaux photovoltaïques se multiplient. Ce ne sont pas des bouts de cuve de réacteurs nucléaires qui partiraient comme ça, mais il faut bien aussi équiper les marchés qui n’ont pas les moyens, et les mafias, ça sert à ça ! Voilà un bon modèle d’économie (grand) circulaire. C’est ce que me racontait un industriel hollandais, qui vendait des kits PV + télévision en Afrique : là-bas, ils montent les panneaux le jour, et on (ils ?) les volent la nuit… pour les reproposer le lendemain. C’est la Banque Mondiale qui paie. Il y a encore certainement beaucoup de trucs à découvrir, dans tous ces élans électrificateurs et renouvelables… Mais ça fait tourner la machine, et on trouve toujours quelqu’un pour payer : vous !