La France, toujours bien à l’écart des orientations prises aujourd’hui de plus en plus généralement dans le monde. Nous ne sommes plus dans une posture de pionniers éclairant le monde, mais nous voici à la traîne, mettant tout notre génie à nous enferrer dans de fausses pistes, sous prétexte que ce sont « les nôtres ». Si vous appréciez cette revue de presse « roborative », n’hésitez pas à la faire connaître et circuler, comme antidote à la pensée unique qui nous envoie dans le mur.
Le temps du désinvestissement. (lien cliquable) Le monde anglo-saxon (Royaume Uni, USA et Australie) est aujourd’hui parcouru par une vague massive de désinvestissement des énergies fossiles, ou plutôt des sociétés qui opèrent dans ce domaine, compagnies pétrolières et charbonnières au premier rang. Ce mouvement, suivi de près par plusieurs médias, dont le Guardian, porte sur de nombreux fonds d’investissement (grandes universités, fonds de pension, fondations privées), qui retirent leur argent de ces sociétés pour le replacer dans les énergies renouvelables, et notamment l’industrie du solaire. Un des mots d’ordre est : « Laissez ça au fond ». Le mouvement prend une ampleur telle qu’il commence à inquiéter les investisseurs « purs et durs », qui voient la valeur de leurs actifs menacée, et les actionnaires de plusieurs compagnies pétrolières ont essayé de prendre le pouvoir sur la gestion, pour interdire les investissements « à risque », soit pour l’image, soit pour la simple rentabilité, quand il s’agit de trop long terme. Ceci concerne les forages en eau profonde ou dans le grand nord, mais aussi maintenant les gaz de schiste, sables bitumineux et autres oléoducs pharaoniques en projet. Leur démarche a réussi chez Chevron, mais échoué, pour le moment, chez Exxon. Le mouvement gagne les pays du nord, mais la France, qui n’a pas de fonds d’investissement, reste à l’écart et nos médias font, comme d’habitude, « motus et bouche cousue ».
Pour un peu de sourire dans un monde de brutes. (lien cliquable) Je reçois régulièrement les papiers d’un brave blogueur, comme moi, mais qui est un défenseur acharné de notre industrie nucléaire, et surtout un contempteur féroce des énergies renouvelables. Son papier ici est tellement décalé, au moment où les chiffres de la débâcle d’Areva sont publiés, qu’il en devient vraiment désopilant. Il est à l’image de l’argumentation de tous les antiéoliens, qui ne veulent pas voir que, chez tous nos voisins européens, l’éolien est, en grande partie, une affaire d’investissement de proximité ; c’est même la loi au Danemark. Et ces investisseurs sont à la fois heureux et fiers de leur investissement. Ce qui n’exclut pas, bien entendu, que telle ou telle entreprise, mal gérée, fasse faillite. La participation populaire n’est nullement une assurance contre les mauvaises décisions. En tout cas, dans le Mené, en Bretagne, les 140 habitants qui possèdent 30% du parc « Landes du Mené » n’ont qu’à se féliciter du résultat de cette entreprise. Et ce n’est pas au détriment des contribuables ou consommateurs d’électricité, quand on voit le prix réel de l’électricité nucléaire. Mais ça, le bonhomme et ses semblables ne veulent pas l’entendre.
Et non, l’éclipse de soleil n’a pas entraîné l’effondrement du système électrique européen. (lien cliquable) Elle ne s’est même pas ressentie, malgré le tam-tam des Cassandre qui se sont répandues dans les grands médias français. Vous me direz, ça n’a pas duré bien longtemps : sans doute la peur du ridicule, si en plus, les fans du système nucléaire sans photovoltaïque « à la française » en avaient fait un thème sur plusieurs semaines. Mais il est certain que leurs articles et interventions dans les grands médias ont laissé des traces : des gens peu réactifs, qui resteront persuadés, parce qu' »ils l’ont entendu à la télé ou lu dans leur canard », que l’éclipse « a posé un problème ». En fait, en Allemagne, l’éclipse a provoqué, pour quelques dizaines de minutes, la disparition d’environ 5 GW de production photovoltaïque, sans aucun effet. Les prophètes de malheur avaient juste oublié que, comme l’avait pourtant dit le président Sarkozy, lors de la campagne de 2012, « la nuit, le photovoltaïque, ça ne marche pas. » (Quel visionnaire !) Et pourtant, le soir, sur le coup de 19 h, c’est le moment où la consommation électrique est la plus forte, l’hiver, dans le noir. Miracle germanique ?
Et voilà l’oracle de la pensée torve ! (lien cliquable) Un penseur, mais surtout un grand dépenseur en frais des innombrables commissions qu’il a dirigées, pour donner une contenance aux présidents de la république successifs, et autres grands capitaines qui le sollicitent avec assiduité. Remarquez que c’est bien dit et pas idiot, loin de là. Mais, il en a tellement dit que, forcément, une partie était judicieuse, et le reste bon à jeter. La question est : laquelle on garde ? Ici, je partage son idée que, faute de mieux, nous sommes collectivement capables de faire toutes les bêtises possibles, à l’échelle du monde, mais il ne faut pas oublier non plus que l’âge de pierre ne s’est pas arrêté à l’épuisement des gisements de pierres, sans en arriver aux délires du geoengineering. Les tendances actuelles vont donner rapidement, si on ne fait pas tout à l’encontre, un clair avantage aux énergies renouvelables sur les fossiles et les fissiles. Même la Chine et l’Inde, horrifiées des conséquences de l’électricité charbon, commencent à sérieusement lever le pied.
D’ailleurs, même le Figaro l’écrit, (lien cliquable) en notant que nous restons bien à l’écart de ce mouvement planétaire. Il est vrai qu’il est radicalement incompatible avec notre système électrique national, fondé sur la doxa nucléaire : des productions très concentrées et un réseau de transport omniprésent et très chargé. Combien de temps nous obstinerons-nous encore ?