Une semaine « amusante », comme vous allez le découvrir. Enfin, comme d’habitude, il y a des choses dont il vaut mieux rire que pleurer. Pas beaucoup de bleu dans notre ciel énergétique français. Tiens, la semaine prochaine, nous irons faire un tour à l’étranger, histoire de se remonter le moral.
L’excellent article de Corinne Lepage (lien cliquable) dans un (presque) grand média. Nos lecteurs n’y apprendront peut-être pas beaucoup de nouveau, mais c’est une synthèse complète de cette problématique très complexe. Elle pourrait convaincre les lecteurs qui le liront attentivement jusqu’au bout, mais l’immense majorité reste sous la dépendance des grands médias et de tout le personnel officiel français, qui matraquent des slogans simplistes et souvent mensongers: ça leur coûte cher, mais ils ont les moyens, et c’est si simple pour eux, et terriblement efficace. C’est donc le choix électoral qui va s’imposer, bien sûr.
L’Europe revient à la charge sur « l’indépendance énergétique ». (lien cliquable) Mais, enfonçons le clou une fois encore, il s’agit d’une indépendance théorique, pour tout dire « technocratique » : elle ne concerne que les combustibles fossiles, et en premier lieu le gaz qu’il ne faut surtout plus acheter à l’ogre russe. L’uranium, dont nous importons 100% de notre consommation, n’est, à l’évidence, pour « ces messieurs » pas un facteur de dépendance. D’ailleurs, nous n’irons pas faire la guerre en Libye, dont la situation gangrène le Sahel jusqu’à « nos » gisements du Niger. Mais c’est parce que nous n’en avons pas les moyens. Alors il vaut mieux passer sur le sujet… D’autant que le combustible ne pèse actuellement que 5% du coût du kWh nucléaire, parce que nous sommes en période plutôt de déprime (pourvu que ça dure !). Mais il y a eu en 2007 une flambée « conjoncturelle » qui a vu le prix du combustible flamber (multiplié par 10), ce qui a monté son poids à 34%. (Mal)heureusement, ça n’a pas duré…
Le nucléaire est-il rentable ? (lien cliquable) Une émission riche et révélatrice. Riche parce qu’elle met aux prises deux débatteurs affutés : Benjamin Dessus, président de Global Chance, et Henri Prévot, un « grand » ingénieur général du corps des mines. Révélatrice de la complexité du sujet, et montrant bien comment les meilleurs peuvent arriver à y « vasouiller », avec toute l’autorité de leur magistère. Ils ont tourné autour des sujets abordés dans notre dernière lettre (n°45, où quelques « mastics se sont glissés : des TWh sont devenus MWh. La version corrigée de l’éditorial est en ligne sur le site : vous pouvez vraiment prendre les deux articles de la lettre comme référence.) Benjamin Dessus a presque tout bien mis sur la table, avec malheureusement quelques approximations. C’était « parole contre parole », comme il est à la mode de dire. Il a manqué de combattivité sur la fin, en laissant passer des âneries, notamment sur la relance des centrales à charbon en Allemagne (???), le stockage de l’électricité (en fait le besoin de stockage est faible, si on fait jouer le foisonnement et les smartgrids, comme le montrent les études allemandes), et sur l’impact des accidents nucléaires, laissant dire, mais il n’avait plus la parole, que finalement, Fukushima, ce n’était pas si grave que ça, puisqu' »il n’y a eu aucun mort » !?!
Les vers qui survivent sur un cadavre peuvent-ils lui redonner vie ? (lien cliquable) C’est l’image qui me vient à l’esprit en lisant cet article élogieux sur la carrière d’une tête d’œuf, ingénieur général du corps des mines (encore un), qui, après avoir trempé des années durant, au plus haut niveau, dans la décadence d’AREVA, est maintenant chargé de « redresser » la bête moribonde. On devrait quand même, quand on est journaliste dans un média qui a des prétentions, poser la question de savoir si, quand ceux qui sont chargés de traiter un problème n’y parviennent pas, ce n’est pas parce qu’ils sont eux-mêmes le problème, ou une partie de celui-ci. Ceci concerne évidemment pas mal de personnes bien en vue dans le monde d’en haut (bien sûr lecteurs et sponsors dudit quotidien.) De quoi vous rendre un peu morose, le matin…
Heureusement, nous sommes gouvernés, qu’on se le dise ! (lien cliquable) C’est maintenant le moment de tenir les promesses électorales, comme le rappelle Monsieur le président de la république ! Il faut le faire dans le bon tempo : trop tôt eût été gênant, parce qu’il aurait fallu commencer des opérations de démantèlement peut-être irréversibles. Alors que, s’y prenant maintenant (on n’en est encore qu’au froncement des sourcils…), nous arriverons en 2017, à la fin du mandat présidentiel, à fermer Fessenheim, c’est-à-dire à l’arrêter, comme c’est le cas aujourd’hui pour cause d’incident et de maintenance, et à mettre une pancarte sur la porte : « Fermé, en respect de la promesse n°XX du candidat devenu président. » Les Verts pourront alors applaudir (ils le font déjà), retrouver ainsi l’espérance de députés et de strapontins ministériels (c’est pas gagné). Et la nouvelle majorité n’aura plus qu’à retourner la pancarte : « Ouvert, en respect de la promesse n°YY du candidat, ou de la candidate, devenu président ». Fastoche ! Quelle créativité !