Revue de presse n°44 – 2015 – semaine 7

Une actualité débordante. Les choix ont été difficiles et le quotidien « Le Monde » s’est distingué cette semaine par un grand nombre d’articles sur le large domaine des énergies. C’est le signe de la montée en puissance du sujet, avec la saga de la loi sur la transition énergétique et la préparation du COP 21 à Paris cet automne. Beaucoup de colloques, de tables rondes, de débats organisés partout en France : un rêve pour les enfumeurs de tout poil, les radicaux comme les « conciliants », toujours prêts aux compromis. On ne lâche rien !

A quoi, à qui sert le SER (Syndicat des Energies Renouvelables) ? (lien cliquable) Maintenant qu’il est certain que nous ne pourrons pas rattraper notre retard dans les énergies renouvelables, notamment dans l’éolien terrestre, la clé de ce retard, le SER fait entendre sa voix dans la grande presse… une voix bien mesurée. Il y a à cela une bonne raison : nos instances dirigeantes ne veulent surtout pas que nous rattrapions notre retard, et la réaction du SER fait partie des gesticulations pour faire passer la pilule. Le président du SER a travaillé pendant vingt ans à l’ADEME, de 1992 à 2011, finissant comme directeur, complice, au moins passif, de cet enterrement. Il était tout à fait désigné pour être président de ce syndicat où sont réunis les poules et les renards : toute entreprise du domaine des énergies renouvelables se croit obligée d’y être, mais ce sont les grosses, le groupe EDF en tête, qui mènent la danse. Pensez-vous qu’ils défendent le développement des énergies renouvelables ? Ils en retirent des recettes « de poche », comme les parcs éoliens offshore qui leur sont réservés, à feu d’argent pour le consommateur ! C’était devenu tellement criant que toute une branche du syndicat, la FEE (France Energie Eolienne), a estimé devoir le quitter en 2012, après l’arrivée de Jean-Louis Bal à la présidence du SER… sans trop faire de vagues. On n’a pas fini de se moquer des Français, mais finalement, peut-être aiment-t-ils bien ça ?

Une ânerie, fût-elle rabâchée par le gouvernement, les administrations françaises et européennes et toute la presse, demeure une ânerie. (lien cliquable) C’est celle qui consiste à raconter que la production d’électricité nucléaire est une production nationale. Certes (hélas), les centrales sont bien dans l’hexagone, mais pas ce cher combustible, l’uranium, pour lequel nous envoyons nos armées au Niger. Ce que nous ne pourrions faire au Kazakhstan, si d’aventure cette république, « amie » de la Russie, avait l’idée que finalement, la Chine sera un meilleur client, comme pour le gaz naturel… C’est comme si « on » vous racontait que le carburant automobile est une énergie produite en France, parce que les raffineries de pétrole sont sur notre sol (plus beaucoup, d’ailleurs). Alors, raconter que la France est le plus gros producteur d’énergie nationale en Europe n’est qu’une bouffonnerie de plus pour les gogos qui veulent bien l’entendre.

Et pourtant, ils assouplissent… disent-ils. (lien cliquable) On annonce (mezza voce) que la ministre de l’écologie a obtenu un accord interministériel (excusez du peu) sur une diminution des contraintes imposées par les militaires au développement de l’éolien terrestre. Mais il s’agit seulement d’un « léger assouplissement » de règles supplémentaires imposées en 2013 : cela ne changera rien, mais c’est à l’image de tout ce qui se fait en la matière. On célèbre les mini-victoires remportées sur des mesures absurdes imposées depuis des décennies et systématiquement alourdies. Et les gogos d’applaudir : vive Madame la ministre ! C’est un des dossiers de fond suivi depuis des mois dans notre newsletter mensuelle, mais aussi par d’autres lanceurs d’alertes, comme Yves Heuillard, dans DD Magazine (http://www.ddmagazine.com).

Des conclusions que nous partageons, (lien cliquable) mais pas le cheminement : il restera heureusement beaucoup d’hydrocarbures et de charbon dans le sol pour les siècles à venir, mais nous espérons bien que ce ne sera pas grâce à la construction massive de centrales nucléaires, comme le suggère l’auteur. Du reste, ce ne sont pas « plus d’une centaine » qui est en construction actuellement, mais seulement une soixantaine, dont certaines depuis des décennies. Il y a beaucoup d’annonces, au profit des constructeurs russes et chinois, dont les prix sont particulièrement « attractifs » (horresco referens…), mais peu iront à leur terme. Le grand marché d’avenir pour le nucléaire, c’est celui de la décontamination, des déchets et du démantèlement, dans lequel s’engouffrent nos grands groupes nationaux plutôt mal en point : Areva, bien sûr, mais aussi Veolia. L’équilibre des prix qui nous garantira à la fois contre les énergies fissiles et les fossiles, devenues trop chères, doit être atteint par les énergies renouvelables.

Les Japonais à fond pour la voiture électrique. (lien cliquable) Cela va (peut-être) chagriner notre ami Stéphane Lhomme, grand pourfendeur de voitures électronucléaires, mais justement dans le cas du Japon, aujourd’hui, pas un kWh ne provient du nucléaire. Et pour cause : toutes leurs centrales sont encore à l’arrêt. Ils ont donc plus de points de charge de batteries de véhicules (40 000) que de stations d’essence (34 000). Bien sûr, il ne reste plus qu’à souhaiter qu’ils quittent la production d’électricité à partir des combustibles fossiles sans (re)passer par la case nucléaire : ce n’est pas gagné…