Revue de presse n°42 – 2015 – semaine 5

Encore un vieux coup de moulinette, diront les bisounours. Mais quand on rapproche les résultats obtenus des politiques mises en place, on ne peut qu’être un peu (beaucoup) effaré. Plus que jamais, il est indispensable de connaître et de faire connaître le retard que nous prenons, et d’en analyser les causes.

Une avalanche de bonnes nouvelles… (lien cliquable) pour qui ? On ne sait trop vers où porter les regards, avec toutes les annonces des bilans 2014 pour les installations de nouvelles capacités éoliennes et photovoltaïques : les Allemands ont installé 4,7 GW d’éolien terrestre, en progression de 50%, dont une partie (1,1 GW) de renouvellement de parcs anciens, et plus de 1 GW d’éolien offshore, soit plus de 50% de la capacité actuelle française. Leur capacité terrestre totale approche maintenant 40 GW (cinq fois plus que la France). Les pays scandinaves, (lien cliquable) et notamment le Danemark, sont également tout à fait en pointe. Dans ce pays, la production éolienne approche 40% de la production électrique, en progression de six points sur un an. De son coté, la Chine a augmenté son parc photovoltaïque de 23,3 GW, le double de l’année précédente, et l’équivalent de quatre fois le parc total français. Même les Britanniques, dont le pays est connu pour son ensoleillement intense, ont misé sur les énergies renouvelables, dont le photovoltaïque, et leur parc PV s’est accru de 2,8 GW, soit un doublement du parc, qui est désormais plus important que le nôtre . Et la place nous manque ici pour donner toute la liste. Et le meilleur (?) pour la fin : en France, selon les statistiques données par ERDF à fin décembre 2014, notre parc éolien s’est accru de… 0,87 GW (en progression de 11% sur les raccordements 2013), et le parc PV de… 0,86 GW (+19% par rapport aux raccordements 2013). Comme « ils » disent, « les EnR redémarrent en France ». COCORI… COUAC !

Les mêmes qui annonçaient l’eldorado des gaz et pétrole de schiste (lien cliquable) en proclament aujourd’hui la déchéance prochaine. Mais nous ne perdons pas « espoir » de les voir fleurir en France : c’est quand tout est au plus bas qu’il faut savoir redonner l’élan salutaire, le coup de pied au fond de la piscine ! C’est ce qui s’appelle une stratégie à contre-cycle, « la stratégie de tous ceux qui n’ont pas d’stratégie », comme le fameux « parti d’en rire » :  » c’est le parti de tous ceux qui n’ont pas de parti ».

Tout comme le granulé de bois : (lien cliquable) ça n’a effectivement échappé à personne. aux pays du sud, (lien cliquable) et à ceux du nord (de l’Amérique notamment) qui se pourlèchent les babines à l’idée de remplacer du pétrole par du bois, avec les mêmes modèles logistiques… et économiques. Ils se précipitent sur des pays européens qui, par des systèmes d’incitation mal conçus ou plus adaptés, laissent se développer leur consommation bien au-delà de leurs capacités propres de fourniture . Et bien sûr, nous ne sommes pas en retard dans ce « bon » coup !

Quo non descendat ? (lien cliquable) La CRE (commission de régulation de l’énergie), dans sa logique implacable de gardienne de l’intérêt des consommateurs d’électricité, vient encore de baisser les tarifs d’obligation d’achat du produit photovoltaïque. Pour les installations en toiture de 36 à 100 kWc, nous en sommes donc maintenant à 12,79 cEuros par kWh. C’est à la fois une très bonne chose, parce que ces prix rapprochent de la parité réseau, en dessous de laquelle, il n’y aura vraiment plus intérêt à revendre ; mais d’un autre coté, c’est un frein indéniable à l’installation de nouvelles capacités, surtout pour ceux qui s’en tiennent aux offres de « l’installateur du coin », qui ne fait pas les efforts nécessaires pour proposer des solutions compétitives. C’est pourtant possible, même dans les Côtes d’Armor, où il n’y a guère plus de soleil que de l’autre coté du Channel. Enfin, nous espérons bien que, lors du prochain appel d’offres CRE pour toutes les installations de puissance supérieure à 100 kWc, la CRE veillera à ce que les prix des offres retenues soient significativement inférieurs à ces tarifs. Sinon, où est l’intérêt des grosses centrales PV, à moins que le but recherché soit tout simplement, une fois de plus et comme pour l’éolien, de tout concentrer dans les mains de quelques grosses structures, en toute logique centralisatrice française : on ne change pas une politique qui gagne (et fait gagner gros).

Heureusement les sénateurs veillent… (lien cliquable) à ce que tout ce qui pouvait être bien dans la proposition de loi de transition énergétique pour la croissance verte disparaisse du texte de la loi, ou soit suffisamment dénaturé. Nous avions dit, la semaine dernière, comment ils comptaient rétablir les ZDE, mais ils font assaut d’idées assassines, pour transformer la transition encore un peu plus en chienlit, comme aurait dit leur guide et prophète, le général.

2 réponses sur “Revue de presse n°42 – 2015 – semaine 5”

  1. Si l’on s’en tient au tarif du photovoltaïque en intégration simplifiée au bâti (ISB), la parité réseau est déjà atteinte.

    http://energeia.voila.net/solaire/solaire_tarif_bleu.htm

    La bonne solution est donc maintenant de se limiter à la vente du surplus et pas de la vente en totalité (cocher la bonne case dans le formulaire).

    Le tarif d’achat pour de l’ISB inférieur à 36 kWc est de 13,60 c€/kWh. Pour le tarif bleu réglementé c’est 14,40 c€/kWh au tarif simple et 15,72 c€/kWh en heures pleines (le jour) du tarif HP/HC.

    Ne pas oublier qu’un ménage ne consomme qu’une partie de l’électricité qu’il produit dans la partie diurne d’une journée.

    A moins de n’avoir qu’un micro panneau solaire pour les veilles des appareils électriques. Ce qui serait ridicule. Car même un réfrigérateur ne consomme que pendant quelques minutes pour chaque heure.

    Dans l’Yonne, on trouve un installateur solaire qui propose un système complet de 3 kWc, installé en toiture, pour moins de 8.000 euros (hors frais de raccordement réseau) avec des panneaux français (bretons) ou allemands.

    1. Merci beaucoup Tabula, pour ce commentaire très judicieux, comme d’habitude. Bien sûr, nous y arrivons : même en France, l’autoconsommation de l’électricité photovoltaïque devient intéressante, comparée à la revente en obligation d’achat. On commence à trouver des solutions en ISB vers 2,5 Euros/Wc, pour 3 à 6 kW, mais pas avec des produits européens. Cependant, l’amortissement est long : la production annuelle, en orientation optimale, est de 1 kW/Wc, dans le nord de la Bretagne par exemple. La durée d’amortissement ressort donc, sans intégrer les crédits d’impôts et autres dispositions incitatives, à une vingtaine d’années au moins (sans compter l’abonnement et l’entretien). La durée de vie des panneaux est maintenant probablement proche de trente ans et les convertisseurs ont aussi fait beaucoup de progrès. Ce sera raccourci au fur et à mesure de la hausse du prix de l’électricité fournie par le réseau, et disposer chez soi d’une source d’électricité permet d’évoluer vers une augmentation de l’autonomie, au-delà de la simple autoconsommation.

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