Énergéthiquement vôtrePeu à peu s’impose l’évidence de la nécessité d’une transition énergétique radicale. De plus en plus d’investissements vont y être consacrés. Sous peine d’un énorme gâchis, sans les résultats nécessaires, cette transition doit, à tous les niveaux (du particulier au pays tout entier), suivre une démarche rigoureuse tout au long : la stratégie qui se nourrit de la connaissance du contexte et fixe les objectifs adaptés ; les choix techniques et les études ; la réalisation, et bien sûr l’exploitation (utilisation). Il y aura beaucoup de marchands de miracles, comme on en voit depuis des années. Plus que jamais, une information de qualité, des outils de conduite de projets et des exemples (réussis ou ratés) bien analysés sont les bonnes armes de la transition. Comme annoncé le mois dernier, une page va être incessamment mise à votre disposition sur le site pour recueillir vos points d’intérêt dans la perspective de notre voyage d’étude sur des territoires déjà très engagés dans la transition. Très bonne lecture |
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Energitorial |
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Résilience et transition.
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Sommaire |
1. Les projets de nos territoiresLes maisons à chauffage solaire intégral : Le test d’étanchéité à l’air. 2. La transition en France et dans le mondeDelendum est RTBA : Un chiffrage du gâchis ! 3. Chroniques de la transition heureuseOrtaffa, d’un seul coup. 4. A vous de jouer !Bonnes vacances à tous ! Soyez prudents. |
1. Les projets de nos territoires |
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La porte soufflante
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Les maisons à chauffage solaire intégral : Le test d’étanchéité à l’air.La première longère de trois maisons est désormais étanche, « membranée », « pelliculée ». L’une d’elle a été testée en surpression d’air, selon la technique Blower Door (test dit d’infiltrométrie), pour voir si, à ce stade, rien n’avait échappé. La méthode suivie a été celle définie pour les maisons passives, avec surpression de 50 Pa, pour obtenir le taux de renouvellement de l’air, n50. Le standard « maison passive » demande un n50 inférieur à 0,6 : quoique n’étant pas sur une maison passive, c’était aussi la valeur en ligne de mire. Le résultat du test a donné 0,71, qui, compte tenu des quelques points relevés, devrait se finir vers 0,65. Ce sera tout à fait suffisant pour ces maisons solaires. Les fuites constatées sont principalement venues, comme attendu, de la baie coulissante côté sud au rez-de-chaussée, et des Velux. Mais tout repose sur le soin de la pose de la membrane d’étanchéité et du traitement des traversées (aération, circuits de fluide caloporteur, gaines électriques etc.) Les prochaines étapes vont maintenant porter sur le second œuvre et la pose des panneaux solaires thermiques. Un nouveau test d’étanchéité sera effectué en toute fin, conformément à la RT 2012. |
La maison passive MIZU |
MIZU, le plus petit bâtiment passif du monde (12 m²) : le siège du BE HINOKI
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2. La transition en France et dans le monde |
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Delendum est RTBA : Un chiffrage du gâchis !
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Le stockage de l’énergie électrique, clé des systèmes énergétiques du futur : l’évolution des batteries d’accumulateurs.La question des batteries est complexe, tant du point de vue technologique que du point de vue économique. Il existe une multiplicité de filières possibles face à une multiplicité de besoins et d’applications, depuis les appareils de poche ou à mains jusqu’aux grosses unités fixes de stockage d’adaptation des productions d’électricité aux consommations, en passant, bien sûr, par les véhicules électriques. Au moins une dizaine de paramètres physiques et économiques sont à prendre en compte, avec des priorités différentes selon les applications et le contexte concurrentiel qui y prévaut : tout tourne autour du compromis entre la compacité, la capacité et le coût du stockage, ce dernier prenant en compte la durée de vie des dispositifs (nombre de cycles charge/décharge, perte de capacité et augmentation de la résistance interne.) Pour plusieurs paramètres, notamment économiques, il y a plusieurs approches possibles, pas nécessairement convergentes. Les grandes familles technologiques en présence ont certainement des marges de progrès importantes, qu’explorent une myriade de laboratoires et d’entreprises, petites et grandes, dans le monde : il y aura quelques vainqueurs et beaucoup de morts, et tous les grands groupes qui ont à voir avec l’énergie (c’est-à-dire tous) essaient de placer leurs billes au mieux. Si les technologies lithium-ions semblent tenir la corde pour les véhicules électriques (encore que rien ne soit acquis), de gros progrès se font dans le domaine des applications fixes pour le réseau, mais aussi pour les micro-réseaux domestiques, énorme marché qui fait aujourd’hui trembler les grandes structures exploitant des centrales et des réseaux publics. À côté des filières lithium-ions et sodium (sodium-soufre ou sodium-ion), la filière dite « de flux » (flow batteries), réalisant le stockage dans les électrolytes liquides séparées par une membrane poreuse qui permet les échanges ioniques, arrive maintenant tout près de la phase industrielle, avec, elle aussi une grosse marge de progression. On serait actuellement en dessous de 200 $ par kWh de capacité, quand le Li-ion est encore près de 500 $, et le sodium également autour de 200 $. Il est clair que ces chiffres sont à prendre avec précaution, dans l’attente de validations opérationnelles. Le nombre de cycles des batteries de flux est quasiment illimité, puisque les électrodes sont renouvelées en permanence. On atteindra ainsi des coûts de kWh restitué, pertes comprises, très inférieurs à 0,10 €, proches sans doute de 0,05, à ajouter au coût du kWh produit initialement (entre 0,05 et 0,15 € selon la source intermittente « raisonnable » – pas l’éolien offshore – et son échelle de production.) Cela devient très compétitif face aux sources d’énergies fossiles et fissiles, en résolvant le problème de l’intermittence sans recours ni au charbon ni au gaz naturel. Compte tenu des orientations politiques des différents pays en la matière, on ne sera pas étonné de trouver des laboratoires allemands (l’inévitable Fraunhofer Institut) et des sociétés américaines (EnerVault, Imergy ou Uni Energy Technology), derrière lesquelles parfois des investisseurs « français ». Mais là comme ailleurs, il y a les locomotives, les vaches qui regardent passer les trains et… des veaux qu’on empêche de monter dans les bons wagons.. |
Petit retour sur la contribution des centrales nucléaires françaises au réchauffement climatiquePlusieurs lecteurs avertis se sont intéressés de près à l’évaluation donnée dans notre dernière lettre. Après des échanges approfondis sur les méthodes de calcul, les chiffres indiqués ont été largement validés, selon diverses approches correspondant aux modélisations de l’effet de serre. J’avais volontairement présenté ces résultats d’une manière provocante qui en a fait sursauter plus d’un. Bien entendu, et comme cela était écrit, la contribution des émissions thermiques des centrales nucléaires a un effet instantané, alors que l’effet des émissions de gaz à effet de serre se prolonge sur une période plus ou moins longue, selon la durée de vie du gaz ( qui se finit par absorption ou dissociation). En fait, si on prend en compte ce phénomène, le poids des émissions directes de chaleur des centrales nucléaires serait de l’ordre du pourcent de celui du total de l’effet de serre généré en France, selon les modèles couramment admis. Nous n’avons pas l’intention d’entrer dans le détail de ces modèles pour approfondir au-delà.
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3. Chroniques de la transition heureuse |
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Une vielle église romane, Sainte Eugénie |
Ortaffa, d’un seul coup. C’est un village de la périphérie, de l’entre-deux, entre mer et montagne, là où peuvent surgir des démarches originales. Une suite de réflexions judicieuses, un beau projet réalisé, dont on peut regretter qu’il n’ait pas été mené au bout de la logique territoriale. Le 4 juillet, on y a inauguré un parc photovoltaïque de 25 MWc, sur 68 ha, qui devrait produire 35 GWh par an, autant dire la consommation électrique de 10 000 foyers (sans chauffage), ou l’équivalent de la consommation énergétique totale de cette commune. Il a été retenu lors du premier appel à projets photovoltaïques CRE, en 2010. Ce projet est exemplaire par la démarche très poussée d’insertion dans le contexte local à laquelle il a donné lieu, pendant les sept années de sa durée. En fait, il ne s’est pas limité aux 68 ha où sont installés les panneaux photovoltaïques, mais il a porté sur toute une ingénierie de l’espace visant à assurer la meilleure utilisation de 130 ha au total, avec :
Les choix d’implantation se sont fait avec le maximum de considération pour la valeur agronomique des terres, l’insertion paysagère et le respect de la faune sauvage. Le maire du village, Raymond Pla, a parfaitement vu l’importance de l’enjeu énergétique pour les générations à venir, et pour cela, il a poussé ce projet, mené de belle manière par la société JUWI ENR. Cette entreprise, filiale d’une société allemande, développe des démarches globales de bonne qualité. Sur moins de 10% de la surface de la collectivité, on va assurer le volume production énergétique correspondant globalement aux besoins. Mais ne sont-ils pas passés à côté de quelque chose de plus grand, en ne profitant pas de cette occasion pour intégrer complètement la démarche non seulement dans le territoire géographique, mais aussi à sa population ? Si le projet dégage une bonne rentabilité pour un fonds d’investissement, n’en aurait-il pas été de même pour ses habitants ou la collectivité ? Au-delà d’un placement plus intéressant que ce que proposent aujourd’hui banquiers et marchés financiers, c’est surtout l’avenir énergétique local qui aurait été ainsi assuré, en donnant une chance d’échapper à la dure logique des marchés de l’électricité à laquelle condamne le recours à un investisseur purement financier. La claire vision des enjeux est indispensable pour parvenir à des projets exemplaires et pleinement réussis de bout en bout. Malheureusement, il y a des choix (même par défaut) qui sont irréversibles, et une forte implication de l’ensemble de la population dans ces projets territoriaux est une des clés du développement des énergies renouvelables et de l’indépendance énergétique dans les pays qui réussissent leur transition énergétique. Mais la France choisit d’autres voies et il n’est pas facile d’échapper à la logique jacobine et financière. |
4. A vous de jouer ! |
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Bonnes vacances à tous ! Soyez prudents
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